Peu importe : quand le théâtre décortique le couple et le genre

Une mise en scène minimaliste à La Scala signée Robin Ormond

La pièce Peu importe de Marius von Mayenburg, mise en scène par Robin Ormond, est un bijou de précision et de sobriété. Ici, pas d’artifice : tout repose sur le texte et sur la présence des comédiens. Cette approche minimaliste donne au spectateur une place active, presque réflexive, face à un dispositif aussi simple qu’intelligent.

Les deux interprètes, Maryline Fontaine et Assane Timbo, échangent leurs rôles tout au long du spectacle, rejouant les mêmes scènes inversées. Cette alternance crée un véritable vertige dramaturgique : le spectateur est amené à reconsidérer le sens même des mots selon qui les prononce.


Quand le genre transforme notre écoute

C’est là que réside toute la force de cette mise en scène : elle révèle nos biais inconscients.
En voyant la même scène portée tour à tour par un homme et une femme, on prend soudain conscience de l’impact du genre sur la réception du texte.

La société nous a habitués à des représentations très normées du couple hétérosexuel.
Or, ici, la bascule des rôles trouble cette norme et interroge la construction de notre regard.
On découvre combien notre écoute, notre empathie et notre jugement changent selon le corps, la voix et le genre de l’acteur.ice.


Deux comédiens puissants dans la sobriété

Avec une grande justesse, Maryline Fontaine et Assane Timbo donnent vie à un couple universel. Pas de grand éclat, pas de cri : juste la tension des mots, le rythme des silences, la vérité des corps.

Leur jeu met en lumière la violence feutrée des relations amoureuses et la manière dont les rapports de pouvoir s’infiltrent dans l’intime.
C’est un théâtre nu, exigeant, où la sobriété devient puissance.

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