Les Olympiades (2021) de Jacques Audiard et l’art de sonder les liens invisibles

Dans Les Olympiades, Jacques Audiard filme non pas des histoires d’amour, mais des êtres en friction avec eux-mêmes, cherchant dans les autres une matière capable de les révéler.
Rien ici n’est un problème de génération : il s’agit plutôt de désirs qui trébuchent, d’attachements qui hésitent, de cœurs qui avancent à contretemps.

Ce qui anime le film tient à ces tensions infimes, ces failles, ces gestes qui ne savent pas encore comment se dire.


Le trouble des liens qui ne se fixent pas

Les relations dans Les Olympiades ne se définissent jamais clairement.
Elles se déplacent, se contournent, bifurquent.
Audiard observe cette zone fragile où une relation existe – mais ne parvient pas à savoir sous quelle forme.


La difficulté à exposer ce qui pèse réellement

Derrière les gestes assurés se cachent des hésitations tenaces.

Les personnages portent en eux des zones muettes, des inquiétudes qu’ils ne savent pas formuler.
Ils veulent être aimés, sans toujours savoir comment se laisser approcher.

Ce n’est pas la pudeur qui les retient, mais la crainte de découvrir en miroir une image d’eux-mêmes qu’ils n’ont pas encore apprivoisée.


Les identités mouvantes et les rôles que l’on croit devoir jouer

Chaque personnage compose une version de soi qu’il pense acceptable, admirable ou simplement tenable.

Audiard filme ce moment où l’on comprend que :

  • l’image que l’on donne n’est pas celle que l’on est
  • le rôle que l’on emprunte finit par peser
  • l’autre perçoit en nous une vérité qu’on n’a pas prévue

Le film interroge :
Que reste-t-il du sentiment lorsqu’il se heurte à une identité encore en construction ?


La solitude comme lieu intérieur, non comme manque

La solitude n’est pas décrite comme une menace mais comme un espace où l’on se replie pour comprendre ce qui nous échappe.
Elle devient un terrain d’apprentissage plus qu’une douleur.

Même lorsqu’ils s’approchent les uns des autres, les personnages transportent cette solitude avec eux.
Elle teinte leurs gestes, leurs attentes, leur manière de se rendre disponibles.

Aimer ici, ce n’est pas combler un vide : c’est apprendre à coexister avec ce qui manque.


Chercher le bon rythme

Ce qui se joue entre les personnages ressemble à une chorégraphie hésitante :
parfois ils avancent ensemble, parfois l’un s’arrête, parfois les trajectoires s’inversent.

Le film observe cette recherche obstinée d’un rythme commun, quelque chose qui tienne malgré les maladresses, les incompréhensions, les différences de vitesse.

Ni le désir ni l’affection ne suffisent : il faut apprendre à s’accorder.
Et c’est cette quête qui devient le véritable moteur du film.


Un film sur l’apprentissage sensible du lien

Les Olympiades raconte moins des histoires que des cheminements.
Audiard filme des êtres qui tâtonnent, qui s’effleurent, qui se heurtent parfois, mais qui avancent – non pour atteindre une fin précise,
mais pour comprendre un peu mieux comment être avec l’autre sans s’effacer,
et comment être soi sans blesser.

C’est un film d’ajustements délicats, de gestes inachevés, de rapprochements fragiles.
Un film où l’émotion naît dans les interstices, dans ce qui n’est ni dit ni résolu.


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