Un premier film lumineux signé Louise Courvoisier. Présenté dans la section Un Certain Regard à Cannes 2024, Vingt Dieux s’impose comme une bouffée d’air frais dans le paysage du jeune cinéma français. Louise Courvoisier signe un premier long-métrage tourné dans son Jura natal, porté par des comédiens non professionnels et un amour palpable du terrain.
Ni conte ni documentaire, Vingt Dieux est un film qui sent le lait cru, la terre mouillée et la sueur de fin d’adolescence. C’est un film qui touche, sans jamais forcer.
Vingt Dieux, une histoire de transmission et de terrain
Le pitch ? Totone, 18 ans, grande carcasse tendre et pas encore taillée pour le monde adulte, décide de rester dans sa région pour apprendre à faire le meilleur comté. Une idée simple, presque naïve, mais qui cache en réalité une quête plus vaste : celle de l’émancipation, de l’identité et de la transmission.
Et dans ce Jura-là, le fromage n’est pas une métaphore : il est au cœur des enjeux. Un personnage à part entière. On suit les gestes, les odeurs, les ratés. On comprend peu à peu que produire un comté, c’est comme devenir adulte : il faut de la patience, du soin, et un peu de feu intérieur.
Entre fiction et vie réelle
La grande force du film tient sans doute dans son ancrage ultra-local, renforcé par un casting brut, plein de justesse. Les dialogues sonnent vrai, les silences aussi. Il y a une forme de maladresse précieuse, qui fait toute la beauté du film.
Vingt Dieux n’essaie pas de séduire à tout prix. Il ne cherche pas à lisser, ni à dramatiser. Il capte quelque chose de l’ordre du fragile, du vrai, du pas encore formulé. C’est une œuvre de regard : sur les jeunes, sur les anciens, sur la ruralité souvent oubliée ou caricaturée.
Un film sensible, pudique, et profondément humain
Le film aurait pu verser dans le folklore ou le misérabilisme. Il n’en est rien. Louise Courvoisier filme avec tendresse, mais jamais mièvrerie. Sa mise en scène est sobre, précise, et laisse respirer les corps, les paysages, les émotions.
Il y a quelque chose de solaire dans ce film, malgré les errances et les colères adolescentes. Vingt Dieux nous rappelle que les récits de territoire, de famille, d’héritage, peuvent encore vibrer avec sincérité au cinéma.
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