Quand vient l’automne (2024) : thriller automnal de François Ozon

On connaît François Ozon pour ses expérimentations de style, ses récits sensuels (Swimming Pool, Jeune et jolie) ou ses mises en abyme flamboyantes (8 femmes, Grâce à Dieu). Avec Quand vient l’automne, le réalisateur surprend par une épure inédite. Pas de twist spectaculaire ici, pas de retournement de situation à la Agatha Christie : juste la lente traversée d’un malaise familial. Et c’est précisément là que le film touche.

Hélène Vincent, cœur battant du film

Il y a dans les yeux d’Hélène Vincent une humanité désarmante. Elle incarne Michelle, une retraitée tranquille, sans histoire, qui va voir son monde vaciller quand sa fille l’accuse, sans vraiment de preuves, d’avoir tenté de l’empoisonner. Josiane Balasko, en amie complice, apporte une chaleur et un contrepoint tendre à ce portrait de solitude ordinaire. Mais ce sont les silences de Vincent, ses regards en coin, ses petites maladresses qui construisent peu à peu un personnage complexe, qui semble porter un poids sans jamais le nommer.

Un drame sur ce qu’on ne se dit pas

Quand vient l’automne parle de maternité, mais d’une maternité cabossée, ambiguë, parfois violente sans éclats. Ozon ne cherche pas à distribuer les bons ou les mauvais rôles. La fille (incarnée par Ludivine Sagnier) n’est ni hystérique ni injuste : elle est simplement prise dans une douleur qu’elle n’a jamais su nommer. Le petit-fils, Lucas, devient alors un témoin silencieux, presque un juge inconscient de cette faille générationnelle.

Ce qui est fort, c’est que le film ne tranche jamais. Le spectateur est laissé libre : Michelle a-t-elle réellement fait une erreur ? Était-ce un accident ? Ou une tentative involontaire de se libérer ? Ozon préfère les demi-teintes à la confession.

Une mise en scène discrète mais incarnée

Visuellement, Quand vient l’automne est à l’image de son propos : simple, sobre, mais jamais terne. Les paysages d’automne, les repas à table, les éclairages tamisés participent d’une ambiance feutrée, presque ouatée, comme si l’on était enfermé avec les personnages dans leur douleur contenue. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est juste. Et rare.

Verdict : un petit Ozon, mais un film qui reste

Quand vient l’automne n’est pas un film majeur dans la filmographie d’Ozon. Mais c’est un film qui reste, parce qu’il parle de la vieillesse, de la transmission et de la culpabilité sans pathos. Un film qui préfère le murmure à la démonstration. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.


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